La rebelle attitude

Posté par neuro sous 3615 ma vie Lundi 23 mai 2005 à 11:40

Qu burequ je pqsse pour un rebelle pqrce aue je suis le seul q refuser dùenlever ,q crqvqte auqnd je viens en costu,e:
Et qussi pqrce aue je veux coder en clqvier q,ericqin aue je trouve bequcoup plus confortqble: Pqs vous§ Qh bon1

Qt zork Iù, considered qs q rebel becquse I refuse to tqke ,y tie off:
Qnd qlso becquse I prefer to code zith qn q,ericqn keyboqrd:



Quand le doute s’installe

Posté par neuro sous 3615 ma vie Vendredi 20 mai 2005 à 22:53

On aura beau dire, rien ces derniers temps ne parvient vraiment à me convaincre, quel que soit le domaine abordé. Les arguments des partisans du oui au traité constitutionnel européen sonnent tous aussi creux que les points avancés par les chantres du non, au point que j’en viens à me demander pour quoi je vais vraiment aller voter le vingt-neuf mars prochain. Certains ont adoré Star Wars Épisode III, d’autres ont détesté, mais pareillement, je ne parviens toujours pas à savoir si oui ou non, je bougerai de ma douillette retraite pour aller le voir. Même ma chère maman qui, en plus d’avoir toujours raison, est aussi fichue de mener un troll constructif (sic) et argumenté (re sic) sur les cinq opus précédemment sortis ne parvient pas à me pousser dans un sens ou dans un autre. Elle ira le voir, elle, et pas plus tard que demain, cette semaine elle ne pouvait pas, boulot épuisant oblige, et elle attend avec impatience son retour à Paris pour faire trois soirées Lords of the Ring en DVD avec son fiston chéri. Mais ça c’est juste pour rappeler à quel point ma maman est exceptionnelle.
Non, ce qui m’inquiète plus, je crois, c’est la dimension profondément plate et apathique que prend ma vie depuis quelques semaines, métro / boulot / dodo oblige, de six heures et demi du matin à sept heures du soir, et le reste du temps trop amorphe pour réaliser quelque-chose de positif. Sans les cours de go du jeudi soir – auxquels je ne me mets même plus minable, je crois que je finirai rapidement entre la vieille fille de La vie par Procuration de Goldman et Les vieux de Jacques Brel. Et à vingt-sept ans, c’est peut-être un peu dommage non?

These days, nothing seems to convince me, whatever domain I deal with. Whether I talk with for or against the European Constitutional Treaty their arguments seems to me so deceptive and empty of sense at the same time. Sometimes I wonder what I’m going to vote for next week. Some have loved Star Wars – Revenge of the Sith and some have not, but I still don’t know if it’s worth leaving home. Even mummy who’s always right and is even able to troll with me about Star Wars is unable to convince me. For sure she will see it, maybe today, and after, next time we meet, we’ll watch the 3 Lords of the Ring DVD set. This has nothing to do with that post except recall how awesome my mum is.
I think what really worries me is how pathetic my life has become for a few weeks: metro, job and sleep. Without my go courses, I think I would never leave home. And even there, I don’t drink anymore. I’m becoming old too fast these days.

Tags: apathie, déprime, fatigue, réflexion

Aurélie (3)

Posté par neuro sous 3615 ma vie Mercredi 18 mai 2005 à 00:00

Parce que les meilleures trilogies (1) (2) sont en trois épisodes, celui-ci sortira lui-aussi à minuit.

– Laisse moi deviner. La raison pour laquelle tu as perdu, c’est simplement parce que Caroline ne pouvait pas perdre. Parce que le pari était truqué, l’épreuve biaisée à l’avance, tout était planifié depuis le début n’est-ce pas? Tu savais tes chances de gagner complètement nulles, mais tu t’es tout de même jetée dans la gueule du Lyon. La personne qui avait rendez-vous avec le plus gros blaireau du lycée d’à côté, ce n’est pas toi. C’est moi.

La complexité de la nature humaine vient de sa tendance orgueilleuse à toujours chercher une auto complexification de mauvais aloi là où la plus binaire des simplicités devrait pourtant s’imposer d’elle-même à l’esprit comme le meilleur moyen de relier un point A à un point B. Bien des drames seraient évités si l’homme, conscient de sa supériorité sur le règne animal, ne cherchait à se le rappeler constamment par le truchement d’artifices alliant la vanité du paon à la mauvaise foi la plus exagérément féminine. Inutile de chercher à lire profondément dans les pensées de celle qui, tour à tour camarade d’infortune puis bourreau exécuteur de sa propre sentence devient d’un coup ma proie avant de mourir à mes pieds, victime impie en rétribution de mon juste courroux pour y déchiffrer toute la palette d’émotions qui se succèdent sur son visage. Surprise, honte furtive, peur, effroi, colère et haine. Là aussi l’orgueil prend sa place, joue son rôle dévastateur, et je résume par devers moi le spectacle qu’elle m’offre bien malgré elle en une simple question: comment réagira-t-elle au camouflet que sa fierté vient de subir? Non. Se relèvera-t-elle de l’abîme dans lequel sa mascarade sociale vient de la précipiter? Les faibles seuls chutent de leur piédestal, les forts ne tremblent pas sous les coups de boutoir de l’adversité, ils ne vacillent pas face aux attaques du monde, ils ont bâti leur trône sur le roc, et le flot de ma colère vient d’emporter d’un coup celui qu’elle s’était construit sur le sable.
Elle rougit enfin, de honte, de rage, d’humiliation puisque lui parler d’humilité serait l’entraîner dans des territoires inconnus pour lesquels elle ne sera probablement jamais véritablement prête. Et moi non plus. J’attends une gifle, sèche, cuisante, aussi violente que la haine qu’elle doit ressentir à cet instant, mais cette vengeance dérisoire d’un pantin pitoyable ne vient pas. Je soupire, tour à tour soulagé et déçu.

– Ta gueule! Tu ne sais pas de quoi tu parles. Elle éructe, dangereux volcan au bord de l’explosion. Probable Pompei des temps modernes, j’attends les torrents de lave qui ne manqueront pas de couler avec appréhension. Pour un peu, je pourrais presque voir le sang couler à flots et bouillonner dans ses veines tant sa rage est palpable.
– Pourquoi? Pas question de me laisser fléchir, pas après ce qu’elle m’a fait subir une heure et demi plus tôt. Pas question non plus de lui laisser le moindre répit, sous peine de la voir se reprendre et me jeter à terre. À moins que tu préfères fuir et tenter de préserver le peu d’amour propre qu’il te reste, quitte à devoir avouer ta défaite demain matin? Elle est au bord des larmes, je la vois, là, apeurée devant la violence de ma diatribe, petite fille qui a voulu jouer à la grande, et une partie de moi la prend en pitié. Pitié submergée par la colère de ce tour qu’on m’a joué, et peut-être aussi de ce tour qu’on lui a joué. Si on me tendait une arme, je crois que je la tuerai. Nous nous affrontons du regard un instant qui me semble pourtant durer une éternité, et derrière la glace de sa hauteur se profile une biche aux abois.
– Le fric. Sa voix se déchire en deux par le milieu tandis qu’elle commence son double aveu, celui de ce mensonge permanent qu’elle construit chaque jour, et aveu de sa défaite. Contrairement à ce que je laisse croire, je n’ai pas d’argent, ma mère est infirmière et mon père au chômage. Pendant les vacances, je travaille comme je peux pour les aider. Contrairement à elles, je ne vis pas dans ce monde futile, peuplé de jolies maison à Caudéran, de belles soirées et de vacances à Arcachon, mais dans une barre de HLM. Et pourtant, je voudrais en être, je mérite – plus qu’elles peut-être – de me retrouver là haut, leur égale. Est-ce que tu peux comprendre ça toi? Sa voix se tait, frôlant de près l’hystérie, mais elle ne pleure pas. Elle ne m’accordera pas cette satisfaction qui n’en serait pas une.
– La caque sent toujours la morue. Ce vieux proverbe de mon grand-père me revient en tête, et je revois soudain se profiler sa silhouette pataude, canne, chapeau de feutre et son éternel appareil photo. Pas besoin de longs discours pour exprimer toute la pitié du monde que je ressens à cet instant précis. Au delà de cet aveux, il y a l’évidence que seuls les diamants sont éternels. L’illusion et le mensonge passent, eux. Je regarde son visage défait, ses yeux hagards, incapable de savoir quoi faire d’elle.
– J’imagine que tu es fier de ta victoire. La boule de plomb qui s’est abattue sur ma poitrine s’appesantit encore, m’empêchant de respirer. Comment lui faire comprendre? Ma tête se vide par à coups, annihilant toute volonté même passagère de réflexion.
– Viens avec moi. Peut-être pas l’idée du siècle, mais je n’en suis plus à ça près. je la regarde, plus dur que jamais.
– Où ça?
– Tu verras bien.

L’aiguille de la Clio familiale approche les 170 kilomètres heure sur la quatre voies qui relie Bordeaux au Cap Ferret (c’est mal, je ne conduis plus comme ça depuis facilement… un paquet d’années), et Jimmy Somerville chante sur tous les tons sa haine des adieux, que ce soit à la mode Gloria Gaynor ou Françoise Hardy. Le garçon de la ville de province retient ses larmes, trop fier pour céder à ses tourmenteurs, et j’avale les kilomètres avec une avidité irréelle.
Je ne dis rien. Non pas que je n’ai rien à dire, au contraire, mais les mots ne peuvent faire que du mal. Même si le plaisir reste, la douleur qu’ils causent persiste elle aussi plus longtemps qu’une blessure au verre.
Les quatre voies se divisent à l’approche d’Ares, et nous traversons les villages du bassin encore endormi, mais pour combien de temps, par l’hiver trop proche. Claouey, le Petit et le Grand Piquey, Piraillan, le Canon, et enfin, la pointe du Cap Ferret. Pas plus que moi elle n’a ouvert la bouche durant le trajet, et j’imagine sans peine la tempête de questions qui fait rage sous son crane. Je me gare au pied des caillebotis, le long de la ligne de chemin de fer qui monte jusqu’à la plage, et nous suivons le chemin de bois qui escalade la dune. Je retire mes bateaux et m’avance jusqu’à la limite du sable mouillé. Le regard perdu dans le vague et dans les vagues qui viennent mourir à quelques mètres de nous, je finis par m’asseoir. Elle reste debout, et je la sens impatiente.

– Alors?
– C’est beau, n’est-ce pas? Au large, les vagues oscillent du vers au gris, et je fixe un point à l’horizon que je suis le seul à voir.
– J’imagine que tu ne m’as pas emmené jusqu’ici simplement pour me faire remarquer une évidence? La colère revient dans sa voix, et je commence à douter du bien fondé de mon inspiration subite.
– Tout le long de la route, nous avons longé les villages du bassin dans lesquels la mer est bien domptée, formatée, mise aux normes de ceux qui viennent se repaître ici de leur argent bien gagné. La mer de ces villages est triste, grise, elle sent en permanence la vase et les vieilles algues, elle meurt de sa propre suffisance. Ici, elle est plus naturelle, et tu vois la différence. Regarde comme elle est belle.
– … Son silence dure plusieurs secondes mais il pourrait aussi bien durer des heures. Mon idée commence à cheminer en elle. Du moins l’espère-je.
– Pourquoi te gâcher et flétrir à vouloir ressembler à quelque-chose que tu n’es pas? Moi, je suis né pour passer pour un con, c’est ce que je fais de mieux, et, dans une certaine mesure, cela m’assure un semblant de tranquillité pas toujours évident à assumer. Mais toi, si tu acceptais d’être naturelle, su tu voulais bien être toi-même, imagine combien tu pourrais être belle?

Elle ne dit rien, pas un mot, mais s’assoit à côté de moi, le regard dans le lointain, déjà plus là. Je me lève, et commence à me diriger à petits pas fatigués vers la voiture. Je me ravise à mi chemin, reviens vers elle, et dépose mon polo de rugby sur ses épaules. Sans un mot. Dans quelques années, une petite blonde rigolote posera son châle sur les miennes avec une infinie douceur pour me protéger des rigueurs d’une froide nuit d’hiver. Dieu sait que ce geste me touchera. Et Dieu sait qu’il me touche encore quand j’y repense aujourd’hui, quatre ans après.

Le soleil s’est déjà couché quand elle me revient, et je pose La pesanteur et la grâce, seul livre digne de moi que recèle le véhicule maternel. Elle me semble étrangement sereine, et je ne veux surtout pas la troubler de quelque manière que ce soit.
Nous roulons modérément, et le besoin d’une présence musicale d’habitude si rassurante s’évanouit de lui-même. Elle ne brise le silence que pour m’indiquer une adresse que je connais fort bien. Juste derrière chez moi.
Elle ouvre la porte, mais ne descend pas tout de suite, me regarde, et dans la pénombre de la rue, je distingue difficilement les sentiments qui l’habitent en cet instant.

– Je n’arrive pas à te détester. Ce n’est pourtant pas faute de vouloir hein. Mais non, je n’y parviens pas. Tu crois que je devrais? Un silence.
– Non, ce serait me donner trop d’importance. Je ne souris pas le moins du monde, et elle s’en rend bien compte.
– Merci. Elle ouvre la portière, se ravise, passe ses bras autour de mon cou et m’embrasse. Un long baiser tendre et passionné à la fois, spontané et maladroit comme le sont les baisers d’adolescentes, dans lequel elle met toute la haine qu’elle ne parvient pas à éprouver malgré tout. Écrasée contre moi, je sens son coeur battre à toute vitesse sous son pull trop fin. Au bout d’un long moment qui me semble ne durer qu’un instant, elle me libère enfin. Me sourit.
Ce soir, tu as tout gagné: ce premier rendez-vous, notre affrontement… Et moi.

Aveux hontable

Posté par neuro sous 3615 ma vie Mardi 17 mai 2005 à 18:56

Pas plus tard qu’il y a une heure, ma commerciale me faisait remarquer que je semblais avoir de moi une haute opinion, le prototype du jeune cadre dynamique aux dents longues, cheveux courts, costume gris anthracite plus que classique, chemise bleue ciel ou blanche unie stricte et cravate sans fioritures aucune héritées de mon père – au sens propre du terme, bien que je ne crois pas que nous les ayons comptées dans la succession. Bref le prototype du mec odieux sûr de son charme et prêt à écraser la gueule de tous ceux qui pourraient se retrouver sur son chemin.
Moi, en fait.

Sauf que… dans la réalité, je ne me souviens pas avoir dormi plus de deux heures cette nuit alors que je me rappelle parfaitement des longues heures de veille passées à me tourner et me retourner sur l’oreiller en cherchant à répartir la matière pâteuse vert foncé qui encombre mes sinus depuis quelques jours pour respirer de manière décente sans pour autant éclater mes lèvres si douces au creux de l’oreille des jeunes filles ou lorsqu’elles viennent jusqu’à leur bouche cueillir un délicat baiser. J’ai plus mal au bide qu’une femme enceinte en cours de fausse couche – non je ne sais pas vraiment comment ça fait – et une forme de migraine me pilonne le crâne depuis que, ce matin, un lapin a tué un chasseur, et que ma mission m’a été confirmée.
Bref, je me pisse dessus.

Et si ça se trouve, ils vont me forcer à coder sous windows, avec notepad ou Dreamweaver Ultradev en clavier français.
Rien que d’y penser j’en ai la chair de poule.

Tags: peur, stress, trac, travail

Ite misa est

Posté par neuro sous 3615 ma vie, nouvelles technologies Lundi 16 mai 2005 à 15:03

Bon c’est officiel, je commence demain matin à la BNP, pour une première mission de trente-cinq jours qui devrait déboucher sur une mission plus importante d’une durée d’au moins un an. Première fois que je suis lâché comme ça tout seul dans une équipe dans laquelle je ne connaîtrai personne.
Évidemment, je me chie dessus. Mais en privé seulement.

En fin de compte, je ne commence que mercredi.
Saleté de lundi de Pentecôte ferié ou pas.

It’s now official, I’m beginning a new mission tomorrow as a developer for BNP Paribas group. It may last at least 35 days and may be the beginning of a much longer mission of more than 1 year. It’s the first time I join a team where I don’t know anybody, and I’m really fucking nervous. But in private only.

Tags: mission, travail, work

Aurélie (2)

Posté par neuro sous 3615 ma vie Dimanche 15 mai 2005 à 22:32

Pour les nouveaux arrivants, ce post est la suite de celui-là.

– Autant être claire tout de suite, je ne suis là que parce que j’ai perdu un pari stupide avec Caroline dont l’enjeu était de passer la journée avec le plus gros blaireau de son lycée. Donc n’espère pas obtenir quoi que ce soit de moi. Je reste avec toi jusqu’à six heures et basta, je ne veux plus jamais entendre parler de toi. Compris?

Une main invisible plonge une lame glacée de six pouces de long à travers mes tripes et la tourne plusieurs fois dans mes entrailles avec un sadisme consommé. « On » s’est bien foutu de ma gueule et la bonne copine, à défaut de ne pas être bonne, me semble bizarrement de moins en moins copine. Je regarde le cendrier publicitaire en plastique jaune et bleu, espérant me fondre à jamais dans cet objet anonyme. Il me faut plus d’une minute pour avaler péniblement ma salive, et je me demande ce que je peux bien foutre encore ici; je relève les yeux pour la voir se repaître de son triomphe tandis qu’un poids d’une tonne décide brutalement d’élire domicile sur ma poitrine. J’ai tout faux, je ne vois pas la moindre trace de triomphe dans son regard, juste cette froideur qui ne la quitte pas depuis son arrivée. Je crois qu’elle me hait.
– Et… c’était quel genre de pari? Reprendre du poil de la bête, me contrôler, souffler, inspirer… expirer… inspirer… expirer… plaisanter, feindre de prendre sa remarque à la légère, et laisser les couleurs revenir à mes joues avant le retour du serveur avec nos consommations.
– Ça ne te regarde pas. La sentence tombe comme un couperet, et je comprends que le chapitre est clos, à moi d’improviser une transition en douceur vers des sujets moins conflictuels.

Je l’entraîne sur ses études. Elle fait une terminale S parce que c’est ce qu’il existe de mieux, et elle ne sait pas encore si elle veut faire médecine ou droit, pour devenir soit médecin, soit avocate. Elle affirme tout cela avec une déplaisante suffisance. J’ai l’impression de me retrouver face à un stéréotype de la gamine de bonne famille odieusement snob, sauf que quelque-chose cloche, et je ne parviens pas à savoir quoi. De ses parents, je ne saurai rien, il lui semble évident que je ne suis pas assez intelligent pour comprendre ce qu’ils font. Soit, j’accepte que mes deux ans de retard puissent jouer dans une certaine mesure, si on excepte le fait que je n’ai pas ouvert un cahier ou fait un devoir depuis la fin de la cinquième, en dehors de mes trimestres de retenue injustement imposés par la direction pour me permettre de rattraper le temps perdu. Un jour je leur montrerai les listings de BASIC que je rédige sur mes feuilles de classeur durant mes deux heures de travail personnel hebdomadaire.

– On va ailleurs? Elle jette régulièrement des coups d’oeil vers la rue, et je sens que le moment vient pour moi de trouver une stratégie de secours. Et vite.
– Tu as honte d’être avec moi et tu as peur que quelqu’un nous voit ensemble ici c’est ça?
– Tout à fait. Aucune trace d’ironie dans sa voix. Juste cette suffisance glacée.
– La roseraie, au bord du Lac, c’est agréable et je ne pense pas qu’on y croise qui que ce soit qui puisse être compromettant.
– D’accord. Elle tend la main vers son sac à main, mais je la devance.
– Laisse, c’est pour moi. Je lui lance un regard qui coupe court à toutes velléités de réplique de sa part. À la glace, je décide d’opposer la solidité du granit et la résistance de l’acier de Damas. Je suis garé derrière.
– Tu as une voiture?
– Celle de ma mère. J’ai eu le permis l’été dernier. Autant que ça serve. À l’abri dans l’autoradio, les Kajagoogoo nous vantent les bienfaits de la timidité, tandis que nous roulons tranquillement vers le lac. La Clio maternelle pas encore massacrée par une famille de gitans et des pilotes de chasse de Singapour en goguette girondine roule bien, et ma position de chauffeur me permet de reprendre du poil de la bête. Nous n’échangeons pas une parole de tout le trajet, ce qui me permet d’apprendre que je suis gros au Japon, chose que je savais déjà, et que je viens de gagner une invitation à Berlin pour le 17 juin, chose que je savais un peu moins.

J’aurais pensé la roseraie plus peuplée pour le premier mercredi de vrai soleil de l’année, amoureux transis venus chercher l’ombre sous les arbres, familles aérant leur progéniture loin des terrains de foot, mais curieusement, nous ne croisons pratiquement personne tandis que nous déambulons de Madame Meillant en Pierre de Ronsard. Les fleurs m’ennuient profondément, mais je compte sur l’éloignement du centre-ville pour la détendre un peu. Tenir jusqu’au bout sans broncher, subir ses brimades sans jamais me démonter, lui refuser ce plaisir deviennent mon nouveau credo, et j’y crois. Nous cheminons de concert dans un mutisme parfait depuis une quinzaine de minutes quand elle décide de rompre le voile du silence qui s’est installé entre nous.

– Je peux te poser une question? La glace de ses yeux ne semble pas fondre, pourtant la curiosité y remplace par endroit le mépris.
– Il n’existe pas de questions indiscrètes, les réponses seules le sont. J’aime faire étalage de mon peu de culture générale quand je le peux, et Oscar Wilde m’y aide fort à propos. Elle ne relève même pas pas la citation, ni admiration ni cynisme.
– En fait j’en ai deux…
– Ce qui ne change pas grand-chose…
– Pourquoi es tu resté tout à l’heure? Je veux dire… N’importe qui possédant un tant soit peu d’amour propre serait parti le plus loin possible, et moi je serai en ville en train de m’acheter une paire de chaussures pour ma soirée de samedi.
– Tu viens de le dire, parce que je n’ai aucun amour propre.
– Ne réponds pas à côté, et laisse moi finir. Pourquoi avoir absolument tenu à me payer mon verre?
– Parce que je suis le plus gros blaireau de mon lycée et que, pour une fois, je peux faire semblant d’avoir un quelconque semblant de vie sociale. J’ai un rencard avec une fille, je prends un pot avec elle, on se balade à la roseraie… comme deux amis, presque comme un vrai couple. En me piégeant, on m’offre tout de même une vraie vie pour la journée. Et même si le prix à payer en est très élevé, je préfère en profiter plutôt que de perdre sur tous les plans. Elle semble interloquée par ma franchise et le coté crû de ma réponse, et pour la première fois, je sens chez elle une once de désarroi. Si j’oublie ton coup d’éclat du Plein Sud, je ne vois plus que le verre que je viens de prendre avec une fille avec laquelle j’ai encore potentiellement mes chances. Tout de suite les choses deviennent beaucoup moins désagréable.
– En clair tu te mens de A à Z.
– Complètement, jusqu’à six heures ce soir. Après, je songerai au meilleur moyen de ne pas mourir de honte demain matin en arrivant au lycée. Mais ceci est une autre histoire.
– Caroline avait raison… le plus gros blaireau du lycée…
– Là elle est injuste, je suis tout sauf gros. D’ailleurs ce n’est pas très sympa de la part d’une amie de t’envoyer passer l’après midi avec le plus gros blaireau de son lycée.

Son visage se referme, la glace revient sur le devant de la scène, épaisse comme une porte de coffre fort. Je réalise doucement certaines choses que j’ignorais jusqu’alors dans les règles de ce jeu stupide auquel je prends part depuis quelques heures.

– Laisse moi deviner. La raison pour laquelle tu as perdu, c’est simplement parce que Caroline ne pouvait pas perdre. Parce que le pari était truqué, l’épreuve biaisée à l’avance, tout était planifié depuis le début n’est-ce pas? Tu savais tes chances de gagner complètement nulles, mais tu t’es tout de même jetée dans la gueule du Lyon. La personne qui avait rendez-vous avec le plus gros blaireau du lycée d’à côté, ce n’est pas toi. C’est moi.

Tags: fille,, rateau,, rendez-vous,, souvenir

La magie des entretiens d’embauche

Posté par neuro sous 3615 ma vie, nouvelles technologies Samedi 14 mai 2005 à 14:06

Contrairement à ce que voudraient faire croire un certain nombre de pseudo coach managers de carrière en tout genre facturés à la minute pour apprendre à de jeunes loups aux dents suffisamment longues pour labourer un champ de pommes de terres à trouver la place de leurs rêves, un entretien d’embauche n’est en aucun cas un moment mystique durant lequel des forces psychologiques importantes sous tendues par un nombre incroyable d’éléments présentationnels et un rituel propre à faire passer une cérémonie de la secte Moon pour le spectacle de fin d’année des petites sections de l’école maternelle de Trifouilly les Vaches en Cambraisy se heurtent dans un holocauste atomique dont le résultat donne finalement toujours 0 ou 1.

Après un nombre plus qu’honorable d’entretiens de ce genre et pas un seul échec, je résumerai ces moments toujours angoissants en une phrase: deux minutes pour comprendre, vingt minutes pour convaincre.
Deux minutes pour comprendre à la fois l’entreprise, la mission ou le poste proposés et le profil recherché. C’est court, extrêmement court même, et pourtant tout se joue dans ces deux minutes. En fait, c’est tellement peu que c’est généralement moins de temps qu’il n’en faut au futur employeur potentiel pour expliquer ce qu’il cherche, si tant est qu’il le sait lui-même. Le nombre de gens cherchant un profil jeune, dynamique, autonome, sachant travailler en groupe, avec un fort potentiel conceptuel, rédactionnel, technique, et vingt ans d’expérience dépasse l’imagination. D’ailleurs, rien qu’hier…
Vingt minutes, c’est en moyenne le temps imparti pour montrer que tu vaux mieux que la poule aux oeufs d’or et le mouton à cinq pattes que le type – ou la ravissante hongroise – assis en face de toi recherchent avidement. Non, plus que cela, tu dois leur montrer qu’ils viennent de tomber sur la poule aux oeufs de Fabergé, le mouton pas rebelle à six pattes, le gars dix fois mieux que la dizaine de personnes correspondant parfaitement au poste qu’ils ont déjà entendu et qui se ressemblent plus qu’un même modèle de t-shirt dans les rayonnages d’un grand magasin.

Une fois assimilé ce principe, le reste c’est du détail d’implémentation.

Tags: bluff, embauche, emploi, entretien, psychologie

Le bien doit gagner le mal pour gagner le bien

Posté par neuro sous 3615 ma vie Vendredi 13 mai 2005 à 22:31

Je la regarde remuer sa petite cuiller en argent dans la porcelaine d’une tasse immaculée. Le blanc éclatant renforce encore le noir d’un bon café torréfié l’avant veille dans une brûlerie à l’ancienne de la vieille ville. J’attends sagement qu’elle commence, enfant sage monté en graine qui attend qu’on lui raconte une belle histoire. Elle puise ça et là les idées dans les méandres de ses pensées, et me regarde enfin, deux grands yeux clairs sous un chapeau de paille entouré d’un ruban.

– Je ne te comprends pas, pourquoi n’acceptes tu pas cette mission? Elle plonge ses yeux droits dans les miens, exigeant une réponse valable. Dans les arbres, les oiseaux eux-même se taisent, et écoutent. Seule un grillon un peu autiste continue son chant troublant le glouglou de la piscine.
– Tu me vois retomber dans le corporate business toi? Je lui lance ça, tout de go, sans même réfléchir à une contre-attaque qui n’oubliera certainement pas d’arriver.
– Un an en régie dans un grand groupe, pour un jeune CV comme le tiens sans expérience bancaire, c’est génial, je ne suis pas certaine que tu retrouves quelque-chose d’aussi bien après.
– Oui mais justement, un an de PHP tout de même. Je ne sais pas si tu te rends compte? L’horreur.
– Attends, un an de PHP5 objet, c’est tout de même vachement mieux. Au pire, tu leur ponds du C++ avec des ‘$’ en tête de variable. Elle se lève, et dégrafe soigneusement sa blouse qu’elle laisse tomber sur une chaise longue. Sa jupe longue à fleurs, très champêtre la rejoint rapidement. Je découvre alors une peau claire mais non blanche. Elle ne me semble pas une de ces filles qui ne voient jamais le jour. Je parcours du regard deux jambes ravissantes, et une poitrine pleine que je n’imaginais pas seulement un instant plus tôt. Elle se rassied et recommence à jouer avec sa cuiller, manège machinal de celle qui met ses idées en forme.
– Oui mais justement, PHP5, est-ce que je vais vraiment maîtriser?
– Au lieu de me reluquer comme ça, rends toi utile et mets moi de la crème dans le dos.
– Si je veux – j’en meurs d’envie – et tu me demandes autrement. Dans les faits, les choses ne se passent jamais comme prévu, et je suis déjà debout, un tube de Roc indice super archi méga fort pour peau fragile dans la main gauche.
– Tu rêves d’un poste à responsabilités, le tout gros machin avec des réunions à animer, des gens à diriger, des rapports, des décisions, et c’est exactement ce qu’on te propose. Alors que demander de plus?
– Comment veux tu que je puisse faire ça, tu me connais non? Je dirais même que tu me connais mieux que quiconque. Sa peau est douce comme de la soie, souple comme je n’aurais jamais osé l’imaginer, et j’accomplis ma tâche avec un enthousiasme à peine feint. Et puis de toute manière, c’est trop loin.
– C’est direct en métro depuis chez toi, tu es à une demi heure du bureau. ne te fous pas de moi. Elle fait rouler ses épaules, et je crois que mon traitement ne lui est pas désagréable.
– Parlons en du métro, j’habite à cinq minutes à pieds de chez moi, et tu voudrais me remettre dans les transports en commun? Avec tous ces GENS? Mes doigts s’aventurent timidement à la naissance de ses seins que je présume fermes et lourds à la fois. Double bonheur pour les yeux et les mains. Elle s’ébroue mais ne les chasse pas vraiment. J’effectue une prudente retraite.
– Ça fait trois mois que tu veux recommencer à lire le matin pour travailler ton go, et on t’en donne la possibilité, ne me fais pas rire.
– C’est pas tout à fait faux. Je reprends des munitions de crème solaire avant de m’attaquer plus avant à sa poitrine. Conscient que je risque fort de me prendre une phénoménale paire de claques plus que méritée. Mes doigts étalent la crème en cercles concentriques, descendant lentement le long de ses épaules et de sa gorge, l’air de ne pas y toucher. Elle se laisser caresser plus que masser, mais je ne peux voir l’expression de son visage. J’aimerais.
– Tu as des tickets restaurant je crois. Mes doigts tâtent le terrain, timidement, presque craintivement, puis remontent. Surtout ne pas se presser, ne pas l’effrayer.
– Oui. Et?
– Pendant un an, tu vas pouvoir manger japonais une fois par jour rue Sainte Anne, et tu refuserais ça?
– Vu comme ça… Elle prends mes deux mains et les plaque plus que franchement sur ses seins que j’emprisonne instinctivement, surpris, lève la tête vers moi et regarde hilare mon air totalement stupéfait, fière de sa double victoire et du résultat écarlate qui se tient tétanisé derrière elle.
– Tu vois, quoi que tu fasses, ça ne change pas grand-chose. J’arrive toujours à mes fins.

Tags: drague, fille, geek, mission, php, travail

Je suis pour le communisme, je suis pour le socialisme
et pour le capitalisme parce que je suis opportuniste

Posté par neuro sous 3615 ma vie, nouvelles technologies, thèmes, wordpress Vendredi 13 mai 2005 à 00:32

En dix jours j’ai
accepté de développer un thème Wordpress pour un site de cul fétichiste du string.
postulé avec un certain succès chez 20six Londres même un certain nombre d’événements aujourd’hui m’ont obligé à revoir mes plans.
accepté un développement en freelance pour les MSN blogs.

Si ça ne ressemble pas à de la prostitution, je ne sais pas ce que c’est.

In a few days, I have done the following:
I have accepted to develop a Wordpress theme for an adult fetichist website.
Applied for a job at 20six with a certain success. But I can’t leave Paris now.
I also have accepted a freelance development for MSN spaces blogs.

When it comes to prostitution, I’m really the one.

Ça, c’est vraiment pas de bol!

Posté par neuro sous 3615 ma vie, réflexions Dimanche 8 mai 2005 à 17:34

Pourquoi faut-il que d toutes les communes de mon département, la mienne soit la seule à ne pas fournir les informations à propos des pharmacies de garde sur Internet mais dans le journal local que personne ne garde jamais? Et pourquoi faut-il que la plus proche soit justement dans la ville d’à côté alors même que j’ai une fièvre de cheval. Et pourquoi faut-il qu’elle soit fermée pour encore une heure quand j’y arrive enfin?

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